Cinq passeurs présumés, âgés de 21 à 26 ans, ont été arrêtés grâce aux témoignages de rescapés recueillis par la police à Palerme. Il s’agit de deux Algériens et de trois Libyens qui comptent parmi les survivants du naufrage d’un bateau de pêche au large de la Libye mercredi 5 août 2015. Ils sont accusés d’homicides multiples avec circonstances aggravantes et d’aide à l’immigration. Les récits des témoins sur les violences subies durant la traversée rendent ce énième naufrage en mer Méditerranée encore plus dramatique. Le dernier bilan fait état de 26 morts, 373 survivants et près de 200 disparus.

Prix de cette traversée de la mort : entre 1 100 et 1 650 euros par personne, gilet de sauvetage non compris.
Les Africains étaient blessés à coup de couteau, les Arabes frappés à coup de ceinture, les hommes mariés assénés de coup poing en plein visage devant leur épouse. Des violences « au faciès », en fonction de la situation et de l’origine des migrants à bord du bateau qui a coulé en quelques minutes, le 5 août au large de la Libye.
Ce sont des témoins, rescapés du naufrage, qui ont raconté à la police italienne la manière dont agissaient les cinq passeurs présumés qui composaient l’équipage. Leurs récits permettent aussi de mieux comprendre pourquoi tant de personnes sont mortes, malgré l’arrivée rapide des premiers secours.
La soute du bateau a pris l’eau après trois heures de navigation. Paniqués, les passagers entassés dans la cale — l’endroit où les criminels avaient placé ceux qui avaient versé le moins d’argent — ont tenté de sortir. Les passeurs ont alors totalement bloqué la trappe d’accès à la cale. Or, il y avait près de 200 migrants enfermés. Essentiellement des Africains, dont beaucoup d’enfants, pour qui la Méditerranée s’est transformée en cimetière.
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir